Exercice d’entraînement avec l’équipe des Pompiers de l’Urgence Internationale
Fin mai, j’ai décidé d’assister à un exercice d’entraînement des Pompiers de l’Urgence Internationale (PUI) sur le site de la Souterraine afin de bien comprendre le déroulé d’une mission de sauvetage d’urgence. Cet exercice se déroulait dans le cadre d’une préparation au renouvellement de leur classification INSARAG, délivrée par l’ONU, qui certifie leur aptitude à réaliser un sauvetage en milieu urbain et à coordonner des équipes sur le terrain. Le renouvellement aura lieu en novembre, presque un an après la date prévue initialement mais décalée à cause de l’épidémie de Covid-19. Le dispositif d’entraînement est impressionnant, presque militaire ! Ce que je découvre est la répétition des gestes précis qu’ils ont l’habitude d’exercer pour sauver des vies dans le monde entier.
Le terrain d’entrainement est gracieusement prêté par l’entreprise Picoty. Il a été mis en scène, il y a 6 ans déjà, pour simuler les effets d’un tremblement de terre. Tous les ingrédients sont réunis : éboulis, carcasse de bus et de voiture ensevelies sous les décombres, bâtiment menaçant de s’écrouler et toitures fragiles.
Sur site, je retrouve les 54 Pompiers de l’Urgence Internationale venus spécialement de la France entière à la Souterraine pour l’exercice. Le temps est de la partie : le soleil est printanier mais pas de plomb. A mon arrivée, l’équipe drone est en plein exercice de reconnaissance de la zone et des dégâts.
L’agenda de la journée est chargé : ils se sont donnés rendez-vous à 5h30 du matin à Limoges pour le briefing et le chargement du matériel. Arrivée ensuite à 10h à La Souterraine pour le déchargement et le montage de la base opérationnelle dans les règles de l’art. Chacun sait très précisément ce qu’il a à faire. Les pompiers sont équipés de gilets de couleur pour permettre un repérage facile des responsabilités : en jaune l’encadrement, en orange la sécurité, en vert la logistique et en blanc l’équipe médicale.
Poste de commandement, poste médical, tente de désinfection COVID-19, zone chaude, zone froide (fonction : mesures d’hygiène pour les sauveteurs revenant de la zone de travail), tente « cantine », tentes d’habitation individuelles et collectives, douches solaires, espace pour les maîtres-chiens… (toilettes et douches, tente logistique, tente médicale, poste de commandement) : l’espace est réparti de façon précise pour chacun.
D’ailleurs, j’apprends une information insolite : les bases de la structure de coordination de l’ONU doit être montée par la première équipe internationale de sauvetage qui arrive sur les lieux de la catastrophe : bureautique, commandement, télécommunications… (obligation de chaque équipe classifiée en attendant l’arrivée de l’équipe de l’ONU afin de gagner du temps). Chaque équipe internationale agréée dispose donc d’une tente, au cas-où.
Je m’approche de la tente qui s’occupe des rations alimentaires pour en savoir plus. On me dit que tout est vite trop lourd pour le voyage. Chaque pompier se restreint au strict minimum personnel, pour laisser un maximum de surpoids au matériel d’intervention. Puisque tout est étudié au kg près, les rations alimentaires font l’objet de progrès importants depuis quelques années. Les boites en carton et les boites en fer ont laissé la place au plastique… c’est malheureux mais tellement plus pratique, moins encombrant et moins lourd…. Les plats cuisinés sont stockés sous vide et réchauffés au « bain-marie », avec à peine 10 ml d’eau froide, le plat est réchauffé grâce à une réaction chimique, un choc qui crée ébullition et condensation. Impressionnant, et c’est bon en plus !
Puis, j’assiste dans le détail à 2 exercices distincts : l’intervention de sauvetage d’une vie humaine coincée sous les décombres, et la construction d’un étai pour consolidation du bâtiment qui menace de s’écrouler.
L’intervention de sauvetage en toiture nécessite une coupe propre et donc une structure consolidée pour intervention par le dessus. Là encore la méthodologie est précise : carottage pour repérage vidéo, construction d’une « potence » sur plans et supervision par un ingénieur structure.
Je repère l’usage de matériel de surveillance des micromouvements des parois de bâtiments, pour détection des répliques de tremblement de terre, afin d’évacuer les équipes à temps.
En parallèle, les pompiers préparent l’intervention des chiens de secours en les entrainant à porter leurs nouveaux masques/lunettes de protection. En intervention leurs yeux sont précieux et souvent exposés aux fumées, aux poussières de matériaux, ferrailles… Faire diversion en jouant, en les mettant au travail et en les récompensant de l’effort par une petite « croquette », une façon de les habituer à porter ces protections.
Sauvetage et exercice réussis, la victime est sauvée ! Je repars de cette journée impressionnée par le dispositif déployé et l’implication des équipes de pompiers. Bravo à tous pour votre professionnalisme et votre engagement !